La première chose qui nous frappe quand on entre dans Bercy, à part l’index de la placeuse sur notre épaule qui demande son pourboire, c’est le rouge. La salle est entièrement baignée dans une lumière rouge qui nous plonge directement dans l’ambiance du spectacle qui s’annonce. La scène principale, la scène dite "du fond" est invisible des spectateurs, cachée derrière d’immenses portes en imitation bronze, aux bas reliefs très inspirés d’une des portes réalisée par Lorenzo Ghiberti per il Battistero di San Giovanni à Florence (en Italie bien évidemment !). Au milieu de la fosse prend place une très grande croix, qui se trouve être une autre scène, pour ce qui s’annonce être un spectacle époustouflant ! Les choses sérieuses commencent, un grand « Shut up » retenti et le rouge ambiant disparaît laissant place au noir et exilant ainsi les peurs des spectateurs pour qu'ils puissent aller plus haut que ces montages de douleur. Pendant plusieurs minutes des semblants de chants religieux servent de musique d’ambiance, jusqu’à ce que les guitares électriques s’en mêlent, que la tension monte d’un cran, qu’un second « Shut up » résonne et qu’une capsule s’éclaire dans le 'ciel' de Bercy, avec Mylène à l’intérieur. Sur la musique de 'Peut-être toi', la capsule dorée descend lentement et se pose sur la scène-écran centrale qui diffuse des images d’illustration très rouge et très 'embryonnaires'... Six molosses montent alors sur scène (pour l’anecdote il s’agit du personnel de la sécurité de la salle dirigé par Bruno Balto, danseur sur le premier spectacle de Mylène Farmer en 1989 !). Ils enlèvent les câbles de la capsule, la soulèvent telle un cercueil et se dirigent vers la scène du fond dont les portes s’ouvrent dans un grondement dès que les porteurs de Mylène arrivent sur le pont qui relie les deux scènes. Ils déposent délicatement la capsule sur un socle qui se redresse et qui offre Mylène à son public, complètement hystérique bien évidemment. Elle se 'réveille' dans un sourire étincelant digne d’une publicité pour Email Diamant (la magie du blanc), salue les spectateurs et, dans une tenue toute dorée signée Franck Sorbier et directement inspiré de 'Xena, princesse guerrière' entonne la premier titre du spectacle : 'Peut-être toi'. Le concert est lancé, s’en suit immédiatement le tube 'XXL', où sur l’intro, une partie de la scène où se trouve les musiciens se soulève, laissant apparaître les autres musiciens et rassurant par la même occasion ceux qui se demandaient où étaient passées Ester et Johanna les fidèles choristes de Mylène, qui s’étaient en fait cachées sous la scène, les coquines ! Mylène achève la chanson avec un petite prise de température de la salle (qui va toujours bien quand on lui demande), et une légère reprise a cappella du refrain, puis enchaîne avec 'Dans les rues de Londres'. Elle tombe sa cape dorée et se retrouve en haut de la première partie de l’escalier pour interpréter un autre succès de l’album 'Anamorphosée' : 'California'. Pour conclure ce premier tableau "seule en scène", Mylène, perchée sur une petite plateforme circulaire, interprète un (des rares) titre fort de son dernier album 'Porno Graphique', dans une mise en scène plutôt réussie qui réveille un peu la salle, mais juste un peu ! Mais à peine a-t-elle le temps de glisser un « T’as pas un p’tit mojito ?! » qu’elle s’enfuit en coulisses et que la scène est désormais occupée par sept beaux hidalgos tous de noir vêtus et qui ne manquent pas ravir les jeunes garçons, et filles (ne soyons pas sectaires) du premier rang. Los Vivancos, c’est leur nom, se lancent dans un numéro de claquettes (!), mais en toute virilité, bien évidemment ! Dans le noir qui suit leur prestation, une marelle incrustée du symbole masculin (Vous savez le rond avec la flèche au bout !) se dessine sur la scène centrale elle est, les plus fins observateurs auront immédiatement deviné que la chanson qui suit est le grand succès 'Sans contrefaçon'. Les danseuses, qui font leur première apparition dans le spectacle, sont déjà sur scène quand la chanson commence et attendent Mylène qui ne tarde pas à arriver, les bras en l’air et un chapeau haut-de-forme sur la tête ! Dans une tenue noire, toujours signée Franck Sorbier, là où certains se contentent d’une plume dans le derrière, Mylène, elle, ose l’autruche entière en guise de traîne, et se lance dans la chorégraphie désormais culte du titre. Vient ensuite le fameux 'Q.I' de Mylène, qui tombe la traîne et le chapeau, les danseuses l'imitent et l’accompagnent dans une chorégraphie très… personnelle. Et pour faire durer le plaisir plus longtemps, le titre a même le droit à une reprise ! À peine le temps de se remettre de ses émotions que 'C'est une belle journée', qui conclu ce tableau "danse", a déjà commencé ! La chorégraphie quand à elle, est la même celle présentée 4 ans plus tôt lors de la promotion du dit titre. Un petit salut au public et Mylène repart… Mais le maestro du spectacle, Yvan Cassar, prend immédiatement la relève en jouant… du pipeau ! Mais malheureusement Yvan aussi s’échappe de scène la laissant aux Vivancos qui nous refont leur numéro de claquettes, au cas où on n’avait pas compris la première fois ! Nouveau noir, un orage éclate dans Bercy (pour de faux hein !), et une trappe à l’extrémité de la scène centrale pivote laissant surgir un piano, qui est très vite rejoint par Yvan Cassar qui, tel Wagner (ou Richard Clayderman c’est selon) commence à jouer quelques notes… Et Mylène commence à chanter 'Ange, parle-moi', mais si tout le monde l’entend, personne ne la voit ! Un vent de frayeur parcours les spectateurs, où est Mylène ?! Mais sur un chandelier volant à pattes de poulet bien évidemment ! Toute vêtue de violet, elle arrive du fond de la salle à bord de son chandelier et traverse Bercy avant de se poser sur la scène centrale où elle enchaîne en piano/voix 'Redonne-moi' et l'incontournable 'Rêver'. Les autres musiciens rejoignent alors Mylène et Yvan Cassar sur la scène centrale pour un dernier titre en "acoustique", il s'agit d''Ainsi soit Je...' ou de 'L'autre' selon les soirs, et selon les soirs aussi c’est à ce moment que Mylène fait monter un spectateur sur scène. Le temps de se remettre de ses émotions, de réveiller ceux qui auraient pu s’assoupir, de boire un coup et d’enfiler un micro-casque et c’est parti pour LE tube : 'Désenchantée', interprété dans sa version originale et sur la chorégraphie qui était fournie avec. L’ambiance est tellement bonne sur ce titre que Mylène ne se gêne pas pour reprendre le titre deux ou trois fois de suite ! Après une présentation des musiciens, elle reprend le titre une dernière fois et rejoint la scène principale où elle enchaîne avec 'Nobody Knows', titre "fantôme" du dernier album et très bien mis en scène. Mylène quitte discrètement la scène laissant les musiciens terminer le titre. Nouveau tableau, nouvelle ambiance. C’est sur les premières notes de 'Je t'aime mélancolie' que les lumières se rallument et qu’apparaissent sur scène six grandes colonnes en tissu, avec à l’intérieur d’une Mylène, une nouvelle fois sur sa plateforme circulaire arborant cette fois un ensemble noir culotte/soutif/veste incrusté de motifs en forme de marguerites, ainsi qu’une paire de cuissardes (encore !) noires (encore !). La chorégraphie est une nouvelle connue puisque c’est celle d’origine, mais Mylène a eu la bonne idée de ne pas l’interpréter intégralement et de la laisser à ses danseuses. Malheureusement le rendu manque un peu de dynamisme, et le titre suivant, 'L'Amour n'est rien...', ne fait qu’enfoncer le clou. A noter que sur la fin du titre les colonnes de tissus montent et descendent, faisant un effet de va-et-vient du meilleur goût. Vient ensuite la première surprise de la soirée (il était temps vous me direz), le titre mythique de Juliette Gréco 'Déshabillez-moi', repris une nouvelle fois par Mylène et dans une version sensuello-hystérique très réussie, et qui a le mérite de remettre un peu d’ambiance dans la salle ! Des bruits de vague se font entendre et c’est 'Les Mots' qui commence ! Mylène chante son premier couplet, mais tout le monde se demande si Seal, avec qui elle chante la chanson en duo à l’origine, va arriver… Mais au moment du second couplet, c’est Abraham Laboriel Jr., le batteur, qui se lève et descend l’escalier pour rejoindre Mylène et interpréter la chanson avec elle, et ce pour notre plus grand plaisir, car il chante plutôt très bien le Abraham ! La fin de spectacle approche, et pour conclure, Mylène interprète le titre phare de son dernier album : 'Fuck them all', entourée de ses Vivancos, plus virils que jamais, et de ses danseuses déguisées en geishas. Il se termine par un rappel sur la scène centrale où elle présente ses danseurs, salue une dernière fois le public, et disparaît… Après quelques minutes d’attente dans le noir, Mylène réapparait, seule sur la scène encore plongée dans l’obscurité. Elle porte une très belle robe rouge/manteau rouge incrustée de perle. Et surprise son visage est alors projeté sur un fin rideau d’eau qui coule entre la scène et le public pendant que les premières notes d’ 'Avant que l'ombre...' sont jouées. La scène s’éclaire peu à peu pendant que Mylène s’approche de l’avancée de scène et que le rideau d’eau s’ouvre pour la laisser passer. Et c’est le mot puisque lorsque Mylène prononce le mot « passé » tombe en lettres d’eau derrière elle. Elle termine la chanson et quitte l’avancée de scène pendant que le rideau d’eau se referme sur son passage, et pendant l’instrumental final elle monte les marches du grand escalier alors que la silhouette de l’affiche du spectacle est dessinée sur le rideau d’eau. Elle tombe son grand manteau, se retrouvant presque nue, arrive en haut des marches, se retourne une dernière fois vers le public pour un dernier au revoir pendant que les lourdes portes se referment sur la scène et claquent dans un bruit tonitruant. Et la lumière se rallume immédiatement. |