LE PARISIEN, 14 janvier 2006
Par Sébastien CATROUX

MYLÈNE FARMER SORT LE GRAND JEU

Palais omnisports de Paris-Bercy, hier, 23h30. Il était temps. Enfin, Bercy était plongé dans le noir. Des cintres descendaient alors une capsule phosphorescente jusqu’à la scène centrale en forme de croix de Malte. Sur cette scène montaient alors six gaillards qui empoignaient ce sarcophage, faisant la jonction avec la scène principale, tout au fond de l’arène. Posé sur un socle, le sarcophage s’ouvrait et Mylène Farmer est alors apparue, dans une étrange robe lamée or.

Auparavant, le public venu assister au premier des treize concerts de la chanteuse commençait à s’impatienter. Interloqué dans sa majorité, par la vision d’un court-métrage japonisant qui faisait office de première partie, une étrange évocation mi-poétique mi-horrifique d’Hiroshima.

Enfin, donc, Mylène Farmer s’est mise à chanter d’une voix fragile, mais assurée, au milieu d’un décor évoquant un temple asiatique. Elle a même parlé - « Bonsoir, vous allez bien ? Je suis excessivement heureuse de vous retrouver. Ca fait très longtemps » - demandant aux 13.000 personnes présentes de reprendre avec elle le refrain « On a besoin d’amour XXL ». Ensuite, nombril à l’air, elle a enchaîné entre autres sur le séduisant ‘Californie’ avant le premier interlude assuré par des danseurs flamenco. De retour avec un chapeau haut de forme sur la tête, elle a ainsi chanté ‘Sans contrefaçon’, ‘Q.I’, un extrait de son nouvel album ‘Avant que l’ombre…’.

Déjà le deuxième entracte et début des choses sérieuses : la scène centrale en forme de croix s’est illuminé et le chef d’orchestre Yvan Cassar est alors apparu, vêtu d’un manteau de velours noir. A la base de cette croix, un piano a basculé et Mylène Farmer, du haut de Bercy, est alors une nouvelle fois descendue, installée dans une nacelle aux allures de lustre. Effet garanti lors de ce tour de force. Simplement accompagnée du piano, elle a ensuite entonné ‘Ainsi –soit-je‘ la larme à l’œil avant que le tempo ne s’accélère pour un ‘Désenchanté’ à rallonge, entourée de danseuses. Après une traversée triomphale de la passerelle, elle s’est fendue d’une reprise outrée de ‘Déshabillez-moi’, dénuée de la délicatesse nuancée qu’avait offert Juliette Gréco à cette chanson. Ensuite, elle a partagé ‘Les Mots’, historiquement l’un de ses derniers tubes en date, avec son batteur avant ‘Fuck them all’ et les rappels.Là, un rideau de pluie s’est ouvert pour la laisser apparaître, dessinant ensuite sa silhouette.

Rideau. Que pensez de ce fatras de symboles empilés les unes aux autres mâtiné de folie des grandeurs ? Sublime ou ridicule, c’est selon.


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