
Télé Star / 2 Janvier 2006
Propos recueillis par Jean-Rémy GAUDIN-BRIDET
Comment s’est organisée cette interview ?
Thierry Demaisière : J’avais contacté Thierry Suc, son manager, il y a un an en lui disant que je rêvais un jour d’interviewer Mylène Farmer. Il m’a répondu que ce n’était pas impossible, mais que le temps n’était pas encore venu. Mi-décembre, il est finalement revenu vers moi, ce qui m’a complètement surpris.
Quelles raisons a-t-elle données à cette sortie du silence ?
Ses treize concerts sont une énorme machine qui ne pourra pas être transportée en province et sur lesquels énormément de personnes ont travaillé. Il lui paraissait important de donner un peu de présence notamment vis-à-vis de ceux qui ne pas venir la voir.
Combien de temps vous a-t-elle accordé ?
Une heure et quart. Il en restera une quinzaine de minutes. Je ne pourrais pas faire plus long car Mylène a refusé toutes les images d’archives qui auraient pu illustrer l’entretien.
D’autres exigences ?
Elle voulait un endroit très ouvert, très solaire. Elle en a marre de cette image de diva noire et gothique. Elle a également demandé des fraises Tagada et que personne ne se trouve dans son axe de vue durant l’interview. Et puis une pièce isolée pour fumer sa cigarette tranquille. Elle est arrivée maquillée et coiffée. Quand elle est partie, elle m’a laissé entendre que c’était la dernière interview de sa vie.
Y a-t-il eu des sujets tabous ?
Sa vie privée reste intouchable. Elle impose cette loi à ce milieu depuis des années et elle ne changera pas de position. La seule chose qu’on sait, c’est qu’elle a toujours un singe, qu’elle n’aime pas se regarder dans un miroir et que sa grand-mère la promenait dans un cimetière quand elle était gamine.
Qu’avez-vous appris durant cet entretien ?
Que son sens du secret était absolument sincère. C’est pour elle une horrible souffrance de devoir parler d’elle. Elle m’a d’ailleurs dit qu’elle n’avait pas dormi la semaine qui a précédé l’interview.
Comment explique-t-elle ses ventes moins bonnes qu’à l’accoutumée ?
Elle conteste les chiffres annoncés ici ou là. Le marché du disque a baissé de 20%, Universal table donc sur 800.000 exemplaires vendus en fin d’exploitation, ce qui est un excellent score quand on sait qu’elle n’a fait aucune promotion.
Et la déception de son public ?
Son sens du secret attise une sorte de névrose chez ses fans qui sont complètement accros à elle. Elle dit que ça ne la gêne pas tant qu’ils n’en souffrent pas.
Le moment le plus intense de cette interview ?
Celui où elle me dit qu’elle a surmonté ses peurs qui étaient terribles quand elle était enfant. Et qu’à partir de là elle sait aujourd’hui que personne ne lui imposera quoi que ce soit dans sa vie. Si elle a envie de faire un album et une interview tous les dix ans, il n’en sera pas autrement ! Malgré sa fragilité, elle a une force incroyable.
Comment explique-t-elle sa longévité dans ce métier ?
Elle ne cède pas sur son désir…